Ecologie ou Economie ? Pourquoi choisir ?

Contexte

Crise après crise les questions de préservation de la biodiversité et défense des milieux naturels surgissent. Les citoyens et les entreprises s’interrogent. « Comment pourrions-nous concilier la protection de nos milieux naturels et nos emplois ? ». Pour beaucoup, protéger la planète est synonyme de décroissance, de réduction de la consommation et à fortiori de la fin de l’entreprenariat. Les entreprises sont frileuses à l’idée de ce changement, celui qui semble couteux et idéologiquement illusoire. L’« écolonomie » propose une marge de manœuvre à ce discours.

Définition

Ecolonomie est un néologisme issu de la contraction de deux mots : écologie et économie. Il s’agit d’une méthode de travail qui permet de réduire son impact sur les milieux naturels, tout en améliorant les conditions de travail et en gagnant en productivité. En d’autres termes, l’écolonomie est l’art d’entreprendre sans détruire.

Historique

Ce mot apparaît pour la première fois dans le livre Vivre Autrement de Corinne Lepage, publié aux Editions Grasset en 2009. Le terme est repris dans les années 2010, avec le consentement de Corinne Lepage, par l’équipe de l’usine Pochecopour décrire la démarche de transition de l’entreprise.

La méthode de l’écolonomie fait ensuite l’objet de deux livres :

Ecolonomie, entreprendre sans détruire d’Emmanuel Druon publié en 2016 aux Editions Actes Sud.

Écolonomie 2 : la transformation créatrice d’Emmanuel Druon, publié en 2020 aux Editions Actes Sud.

Le cas de Pocheco

Pocheco est un démonstrateur de l’écolonomie, méthode construite et déployée il y a 25 ans.  L’entreprise s’est d’abord concentrée sur ses produits, ses processus industriels, puis sur ses bâtiments et l’aménagement de son site.

Prenons quelques exemples.

La matière première, avec le papier

On peut prendre le papier pour illustrer à quel point les choix écologiques se révèlent économiques.

Le papier utilisé pour fabriquer les enveloppes de Pocheco vient de Finlande, il est issu de forêts gérées durablement. Pour chaque arbre coupé, entre 4 et 10 arbres sont replantés. Il n’y aucune coupe à blanc – méthode qui consiste à abattre la totalité des arbres d’une parcelle forestière -. La diversification des essences plantées permet de maintenir un milieu robuste et résilient face aux ravageurs et maladies. Cette démarche a un coût, le papier est 10 à 15 % plus cher que ceux des concurrents. Le papier issu de ces forêts est de haute qualité. Il permet de faire tourner les machines à la vitesse de 1 000 enveloppes par minute. Cela correspond à 400 mètres de papier débobinés toutes les soixante secondes ! Le surcoût est ainsi compensé par une vitesse de production plus élevée : un papier de meilleure qualité, c’est aussi moins de non-conformité au niveau des produits finis et moins de temps d’arrêt machine. Pocheco résume ses choix en disant “nous sommes trop pauvres pour acheter de la mauvaise qualité”. Autrement dit, une bonne matière première garantit la qualité du produit fini. Pour les équipes, c’est aussi un papier sur lequel il est plus facile de travailler.

Le bâtiment, avec la toiture

Les toitures de l’usine sont devenues solaires, végétales, et laissent pénétrer la lumière naturelle dans l’atelier de production. En 2020, la facture d’électricité de Pocheco était auto-financée exclusivement grâce à ses panneaux solaires. La production d’énergie photovoltaïque fait de la toiture un outil de production. Les fenêtres apportent de la lumière naturelle, ce qui bénéficie aux équipes de production, en même temps qu’elles permettent de réduire la consommation d’énergie pour l’éclairage de l’atelier. La toiture végétale isole thermiquement l’usine, améliore la qualité de l’air, tamponne les volumes d’eau de pluie et accueille la biodiversité. Contrairement à une toiture classique, une toiture écolonomique est un outil de production, qui permet un retour sur investissement.

La méthode écolonomique repose sur trois critères :

  1. Des conditions de travail sûres et saines, la prévention des traumatismes et pathologies liés au travail, la baisse de la pénibilité des postes.
  2. La réduction de l’impact sur l’environnement, la prévention des pollutions, la protection de la biodiversité et des écosystèmes.
  3. L’amélioration de la productivité de l’activité et du site industriel.

5 leviers d’action ont été identifiés pour réaliser une transition écolonomique

1.L’ACV (analyse du cycle de vie) du produit et le bilan carbone de l’activité 

L’étude d’impact carbone peut être faite par l’analyse du cycle de vie ou le bilan carbone. Ce sont des outils qui permettent à l’entreprise d’identifier les éléments sur lesquels travailler pour réduire son bilan écologique.

2. Le cycle de l’eau 

L’eau est certes abondante mais sa disponibilité a changé, l’eau n’est plus là où nous l’attendons. Il est important d’analyser les usages de l’eau de son entreprise pour l’économiser et l’utiliser pertinemment, sans en altérer le cycle naturel.

3. La mobilité

En France, la moitié des kilomètres réalisés en voiture le sont dans le cadre du travail. Le plan de mobilité des entreprises est une étude qui vise à réduire l’importance de la voiture individuelle dans les déplacements quotidiens au profit de mobilités douces.

4. Les corridors de biodiversité

Un site industriel ne devrait pas être un obstacle physique au vivant. Les corridors de biodiversité permettent cette intégration sur le lieu de travail, et sont aussi des projets fédérateurs pour les équipes.

5. Energie et bâtiment durable

Le secteur du bâtiment est un des plus consommateurs d’énergie. Repenser leurs matériaux, leurs usages dans une démarche écolonomique permet de limiter leur impact sur le milieu naturel tout en assurant le confort de ses usagers.

Conclusion

L’expérience de Pocheco a montré qu’un autre mode de fonctionnement était encore possible. Il ne faut pas viser plus mais viser mieux, répondre à de vrais besoins, ceux des entreprises, des particuliers, de la faune et de la flore : créer une gamme de produits issus de ressources renouvelables à l’échelle du temps humain, rénover un bâtiment en réutilisant les matériaux sur site, perméabiliser les sols pour rendre une place prépondérante aux espèces vivantes et améliorer la productivité. Les actions écolonomiques, planifiées puis déployées, permettent de dégager un retour sur investissement sur le court, moyen et long terme. La méthode de l’écolonomie est applicable partout, dans toutes les entreprises. L’équipe du bureau Ouvert accompagne la création et l’innovation et à ce titre elle a déjà aidé plus de 300 entreprises à travers le monde.

Sources

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